Isérois d’adoption, Rémy Marcel n’avait rien d’un trailer il y a quelques années. Le sport était même bien éloigné de ses préoccupations quotidiennes. Et puis, un jour, il eut la bonne idée de chausser des runnings et sortir faire un footing. Il ignorait alors qu’il allait être définitivement contaminé par le virus de la course à pied. Jusqu’à pousser sa passion à l’extrême : devenir ultratrailer. Régulier comme un métronome dans ses performances, Rémy Marcel a acquis une grande expérience au gré de ses lectures et de ses courses. Jusqu’à devenir coach. Rencontre avec un athlète discret et attachant.Remy Gruissan 2014

Rémy, tu es actuellement en tête du TTN long. Cette position de leader est-elle une surprise ? Un objectif cette saison ?

Je suis effectivement en tête du TTN… mais cela ne durera pas longtemps ! J’occupe cette place grâce à un concours de circonstances. Je suis l’un des rares coureurs à avoir terminé à la fois la Saintélyon – qui a été déclarée manche du TTN 2014 quelques semaines avant l’épreuve alors que les inscriptions étaient déjà closes – et le Gruissan Phoebus Trail – où plusieurs favoris ont abandonné. Ma position est d’autant plus étonnante qu’elle ne tient qu’à quelques secondes : Frédéric Lejeune qui termine une vingtaine de secondes devant moi à Gruissan avait fini deux minutes derrière moi à la Saintélyon.

Bref, initialement, le TTN n’était pas une finalité pour moi en 2014. Ma course objectif est l’UT4M fin août où j’espère monter sur le podium. Mon objectif secondaire est l’Endurance Trail aux Templiers, en octobre, où j’espère approcher le top 10. Ma planification comportait donc un trou au printemps. Ayant fait la Saintélyon et Gruissan, deux manches du TTN, j’ai décidé de participer à plusieurs manches. Je serai ainsi au départ de l’Ecotrail de Paris puis je m’alignerai aux championnats de France en septembre, sachant que je ne serai pas au top de ma forme quelques semaines après l’UT4M. L’objectif sera surtout de garder le titre par équipe que nous avons remporté l’an dernier avec l’EA Grenoble.

Quel est ton parcours sportif ? Depuis combien d’années pratiques-tu le trail ?

J’ai commencé vers 2000-2001 à reprendre le sport. Au début, je faisais juste du footing pour perdre du poids, arrêter de fumer et retrouver la forme. Quand j’ai réussi à courir 30 minutes d’affilée, un copain m’a embarqué sur de petits raids multisports. Ensuite, j’ai quitté le Puy-de-Dôme pour l’Isère. J’ai participé à quelques trails courts pour commencer mais j’ai vite compris que j’étais limité en vitesse. J’ai décidé d’allonger la distance et la durée. En 2005, je participais pour la première fois à l’UTMB. Je n’ai plus quitté les longues distances.

Pourquoi aimes-tu l’effort de type ultra ?

Deux paramètres me plaisent dans l’ultra. D’abord, l’évasion en pleine nature : sur les longues distances, on a le temps de profiter des paysages et on peut ne pas être concentré sur l’effort en permanence. Ensuite, la gestion de course : pendant un ultra, on se remet perpétuellement en question. On réfléchit à son état musculaire, digestif, matériel… Il faut être à l’écoute de son corps et s’adapter en permanence.

Pratiquer l’ultra implique des entraînements longs. Comment parviens-tu à concilier vie sportive, professionnelle et familiale ?

Il est certain que l’équation est compliquée. Mais il est possible de trouver du temps pour s’entraîner. Comme je ne travaille plus depuis octobre et suis en formation, je dois essentiellement composer avec la vie familiale. Quand je travaillais, je courais entre midi et deux ainsi qu’en soirée au club. Je place également des séances de vélo d’appartement à 22 heures, quand tout le monde est couché à la maison. Le week-end, je pars courir dès 5 heures du matin pour faire des sorties longues. J’essaie aussi d’organiser régulièrement de gros blocs sur trois jours pendant lesquels j’enchaîne des sorties de 6 à 10 heures.

Tu as récemment quitté ton travail pour te lancer dans une formation sportive. Peux-tu nous dévoiler plus de détails à ce sujet ?

En effet, je ne travaille plus depuis mi-octobre 2013. L’entreprise dans laquelle j’étais salarié a mis en place un plan social et je n’ai pas voulu partir à Lyon. J’ai donc profité de cette rupture pour commencer une formation il y a trois mois : je prépare un BPJEPS, diplôme pour devenir éducateur sportif. L’avantage, c’est que j’ai obtenu une carte professionnelle au bout d’un mois de formation. J’ai donc pu commencer rapidement à encadrer des coureurs. Aujourd’hui, je conseille quatre athlètes qui débutent en ultra trail.

Quels sont tes projets professionnels ? Te destines-tu à une carrière d’entraîneur ?

Non, je ne souhaite pas devenir entraîneur à temps plein. Je voudrais retrouver un poste à temps partiel dans mon secteur d’origine, la comptabilité, et compléter avec une activité de coaching. Depuis deux ou trois ans, j’ai reçu plusieurs demandes de coureurs qui souhaitaient que je les conseille. Mon objectif n’est pas d’encadrer une multitude de coureurs. Je souhaite limiter le nombre de personnes à conseiller afin de garantir une certaine qualité. Pour l’instant, je ne cherche absolument pas à communiquer sur cette activité car je souhaite que les choses se développent doucement, au fur et à mesure de ma formation.

A quel type de coureur t’adresses-tu plus spécifiquement ?

Je recherche surtout des coureurs plus ou moins expérimentés qui se lancent dans l’ultra. Je pense que c’est le secteur dans lequel je peux le plus apporter aux autres, qu’il s’agisse d’équipement, d’hygiène de vie ou d’entraînement.

PV GRP 10603

Rémy Marcel en bref

  • Licencié à l’EA Grenoble (section AL Echirolles) depuis septembre 2006
  • Marié, deux enfants
  • Palmarès : champion de France par équipe de trail long 2013 – 34e sur la Grande Course des Templiers 2012 – 38e sur la Grande Course des Templiers 2013 – 26e à l’UTMB 2010 – 27e à l’UTMB 2011 – 21e à la Saintélyon 2011  – 25e à la Saintélyon 2013 – 6e du Salomon Trail Runinng Cup 2013
  • Sponsors :
    – Endurance Shop Echirolles
    – Punch Power
    – Weleda
    – Compressport
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