Il n’a que trois ans, mais il est déjà entré dans la légende. La troisième édition du Matterhorn Ultraks a proposé aujourd’hui un spectacle grandiose, non seulement en termes de paysages mais aussi de performances sportives. Avec quatre formats de course au programme (16K, 30K, 46K et VZR), l’événement s’adresse à tout type de coureur, du « débutant » (enfin, pas le vrai débutant parce qu’il faut quand même savoir courir un peu pour évoluer au-dessus de 1600 m d’altitude !) au champion d’envergure internationale, de l’adepte du kilomètre vertical au skyrunner. Inscrit au calendrier des Skyrunner World Series depuis sa création, le Matterhorn Ultraks n’a eu de cesse d’attirer les meilleurs athlètes de la planète (Kilian Jornet, Emelie Forsberg, Stevie Kremer, Maite Maiora, Elisa Desco…). Mais la star incontestée et incontestable de l’événement reste « le caillou », comme le surnomme avec humour Michel Hodara, organisateur de la manifestation. Le Cervin attire irrésistiblement les regards et, même en plein effort, on ne peut que lever les yeux vers sa silhouette mythique. Grâce à des parcours tracés de main de maître et offrant une belle variété de terrains et de paysages (singles techniques ou roulants, larges chemins, forêts de moyenne montagne, pierriers, prairies alpines…), le Matterhorn Ultraks offre un condensé des plus belles visions montagnardes imaginables.
Le 30K de l’édition 2015 vécu de l’intérieur
Avec une quatrième place l’an dernier et un chrono de 3h50, je nourrissais cette année l’espoir de renouveler ma performance. Mais c’était sans compter un adducteur et un ischio capricieux qui m’ont éloignée pendant un mois et demi de la course à pied. Difficile de prétendre jouer les premiers rôles sur une épreuve telle que le Matterhorn Ultraks en ayant dans les jambes cinq ou six sorties sur plus d’un mois ! L’objectif était donc de profiter au maximum des paysages en essayant de limiter la casse.
Sous la voix chaleureuse de Ludo Collet et un soleil resplendissant, le peloton était libéré ce matin à 8h45 avec, au menu, 31,5 km et 1950 m D+ entre 1600 m et 2800 m d’altitude. Partie prudemment, j’allais gérer tranquillement la première ascension. J’atteignais ainsi Sunnega plutôt sereine, avide d’admirer les glaciers. Les encouragements me donnaient du baume au coeur tandis que la première descente m’apportait un peu de répit.
Rejoindre Riffelalp fut un moment de pur bonheur avec, en toile de fond, le majestueux Cervin. « Don’t forget to look around ! » me lançait le coureur qui me talonnait, aussi séduit que moi par le paysage. Malheureusement, mes jambes trop peu entraînées commençaient à piquer et je sentais que les crampes n’étaient pas loin…
Riffelalp. Un ravitaillement grouillant de public et de joueurs de cors des Alpes. Puis une descente technique jusqu’à la passerelle de Furi, étroite et vertigineuse, avant le bas de la redoutable montée à Schwarsee. Je récupérai une paire de bâtons, sachant d’avance que l’ascension allait être terrible. Et elle fut terrible… J’ai eu chaud, j’ai manqué d’énergie, je me suis fait dépasser presque tout le long, j’ai eu envie de jeter l’éponge plus d’une fois et j’ai bien souvent regardé vers le haut non sans désespoir…
Ultime côte avant l’hôtel de Schwarsee. De nouveau des encouragements. De nouveau le Cervin, tout près, presque à portée de main. Et enfin la descente ! Je pointais au sommet en 11e position. Ignorant le ravitaillement, je gagnais une place, puis deux. Mais nous allions être trois filles à nous talonner pendant plusieurs kilomètres, aussi teigneuses les unes que les autres. C’est alors que je vis du sang sur ma cuisse. Etonnée, je regardai ma main gauche : sanglante à souhait ! N’étant pas tombée, je porte ma main droite à mon visage. Et là, c’est la boucherie ! Tout en courant pour ne pas lâcher mes deux rivales, j’essaie de maîtriser mon nez qui joue à la fontaine. Au même moment, je vois une fille arrêtée au bord du sentier, apparemment percluse de crampes. Hop, une place gagnée…
L’oriflamme des 4 derniers kilomètres apparut enfin. J’accélérais et m’échappais seule. Je n’allais jamais parvenir à revenir sur la 7e, Michaela Senft. Comme l’an dernier, je savourais la traversée de Zermatt avec ses chalets typiques et son public chaleureux. Je franchissais la ligne d’arrivée en 8e position en 3h59, comblée d’avoir fini l’épreuve et gorgée de paysages exceptionnels.
Non, Zermatt n’est pas forcément accessible à tous parce que cette station reste une destination onéreuse. Mais je reste persuadée que courir le Matterhorn Ultraks est une expérience que tout trailer doit vivre. Et quand on vient une fois, on n’a qu’une envie : revenir !
- Le top 3 féminin du 30K : 1. Bettina Gruber 3h22’58 / 2. Elise Poncet 3h25’07 / 3. Séverine Pont Combe 3h30’48
- Le top 3 masculin du 46K : 1. Martin Anthamatten / 2. Manu Merrillas Moledo / 3. Egea Aritz
- Le top 3 féminin du 46K : 1. Elisa Desco / 2. Stevie Kremer / 3. Maite Maiora
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