Une inflammation persistante de l’adducteur droit et une instruction médicale : « vous devez arrêter la course à pied pendant trois semaines. » Heureusement, une autorisation (médicale elle aussi) : « faites du vélo de route, c’est permis ! » Rassérénée, me voilà donc en mode « cycliste acharnée », la tenue de running remisée au placard mais le casque et les chaussures à cales à portée de main. Après avoir sillonné les routes des balcons de Belledonne et des contreforts de la Chartreuse pendant quinze jours, je grimpe en selle au pied de deux cols mythiques : le Glandon et la Croix de Fer. Un peu angoissée à l’idée de cette ascension inconnue et réputée pour sa dureté, je m’élance dans la pente en moulinant, histoire de ne pas coincer avant le sommet. Bon, finalement, je vais tellement gérer l’effort que j’arriverai plutôt fraîche au sommet…

Un petit tour au café du col pour remplir mon bidon, une pause pour admirer le paysage et m’imprégner de l’ambiance : les cyclistes sont nombreux ici en ce dimanche matin, se prennent en photo devant le panneau, récupèrent tant bien que mal sur un banc, referment leur maillot avant la descente, mangent et boivent pour retrouver de l’énergie. Alors que je jette un oeil à la haute montagne pelée, j’aperçois un trailer, un dossard épinglé sur le ventre. Sur l’étalage du point « Informations touristiques », je trouve le flyer du Trail de l’Etendard. Nous sommes le 2 août, jour de l’épreuve, et le hasard a mis sur ma route de cycliste peu aguerrie une poignée de coureurs dispersés dans la montagne. Toute contente de voir des trailers, je ne résiste pas à la tentation de m’informer auprès d’un signaleur.
– Qui est en tête ?
– Bonnel est passé il y a 11 minutes et il est premier !
Je cherche les silhouettes des coureurs sur les chemins, mon vélo à la main, mon casque sur la tête. J’avoue que je crève d’envie de leur emboîter le pas… et je me dis surtout que le trail est décidément partout. Quelle était la probabilité que ma sortie de vélo croise la route d’une course ? A priori, elle était extrêmement faible. Mais, à bien y réfléchir, il n’est plus surprenant du tout de voir des trailers partout. Hier, les événements étaient légion dans la région : Trail de l’Etendard, X-Trail de Courchevel, Trail de Vars, et j’en passe… Serions-nous résolument entrés dans l’ère de l’omnitrail, autrement du trail omniprésent qui rassemble des coureurs de tous horizons, qui sillonne tous les espaces, qu’ils soient montagnards ou non ? Je pense que oui. Et même si certains peuvent déplorer la « massification » de la discipline (avec toutes les dérives associées), je me réjouis de voir autant de personnes goûter aux plaisirs du running en pleine nature. Tout comme je me suis laissée impressionner par le nombre de cyclistes de tout poil (de la tenue hyper technique et du vélo en carbone haut de gamme au short de touriste et au vélo à assistance électrique) qui grimpaient sur la route de ces cols légendaires.
Alors courez, pédalez, marchez ! En trois mots : « sportez-vous » bien !
Et, s’il vous plaît, ne faites pas comme ce jeune cycliste que j’aurais volontiers poussé dans le fossé : ne jetez pas vos déchets dans cette nature si généreuse et si somptueuse !
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