En essor dans le monde entier, la course à pied ne se résume pas à la seule pratique sportive. Courir peut aussi rimer avec découvrir. Laurent Gillard, directeur de l’agence VO2max Voyages, spécialiste du voyage sportif, évoque non seulement un secteur économique très concurrentiel mais aussi l’évolution du trail et du running en général.
Comment peux-tu caractériser le marché du voyage sportif aujourd’hui ?
« Le marché du voyage sportif se définit par quelques grandes spécificités. Tout d’abord, une course aspire à elle seule beaucoup de clients : le marathon de New York. Chaque année, 5 000 coureurs et leurs accompagnants partent sur cette épreuve. Ainsi, il y a, d’un côté, les voyagistes qui ont New York dans leur offre et, de l’autre, ceux qui ne l’ont pas. Ensuite, l’innovation est un élément clé du secteur. Il faut faire des offres attractives et séduisantes pour attirer la clientèle. A VO2max Voyages, nous proposons ainsi un trail en Laponie ou encore un triathlon à l’Ile Maurice. Nous nous efforçons de proposer des formats de course qui plairont aux sportifs amateurs, mais aussi des destinations vacances. Enfin, le marché du voyage sportif connaît une croissance, mais elle ne suit pas celle de la pratique du running : elle est beaucoup plus faible. »

L’essor du trail influence-t-il l’offre et la demande de voyages sportifs ?
« Non, pas vraiment. Il y a un tel réservoir de courses sur la planète et les courses sur route sont tellement plus nombreuses que les trails que ces derniers ne peuvent pas influer de manière sensible sur le marché. Le running sur route est beaucoup plus installé dans le paysage sportif que le trail et il comporte des épreuves de masse qui sont tout simplement incompatibles avec le principe du trail. En montagne, on ne peut pas prétendre rassembler autant de participants que sur un marathon urbain. »
Parlons justement du trail et des grandes épreuves. Quel regard portes-tu sur la contradiction entre la soif de liberté exprimée par les trailers et la consommation de courses organisées ?
« Cette approche est pour le moins schizophrène. D’un côté, on veut courir dans la nature, le plus seul possible. D’un autre côté, plus le trail évolue, plus on établit des règlements, plus les courses rassemblent des masses de trailers, plus des équipements de sécurité sont exigés, plus les championnats fleurissent. Mais ces évolutions sont inhérentes à la pratique et au nombre de personnes que l’on envoie dans des environnements engagés. Le drame survenu au trail du Mercantour a fait prendre conscience de la nature hostile de l’environnement montagnard. Les polémiques autour de l’UTMB alimentent les réseaux sociaux. Tout cela met en évidence deux réalités : lorsque tu es un organisateur, tu es responsable ; lorsque tu es coureur, tu es pris pour une vache à lait. Sans doute la définition du trail est-elle à revoir.
Sur la route, c’est plus simple. Si la météo est exécrable, il suffit de prendre le métro pour rentrer chez soi. L’environnement n’est pas hostile comme en montagne. »
Comment vois-tu l’avenir du trail ?
« Les courses vont de plus en plus se structurer en matière de règlement, de parcours, de sécurité. Il y aura des grandes messes dans le calendrier où seront proposés tous types de parcours pour tous types de niveaux. Mais il y aura aussi de plus en plus de courses locales qui continueront à réunir des pelotons assez importants. Je pense que les pratiquants historiques du trail feront des courses en off, en petit comité, car ils ne se retrouveront plus du tout dans la pratique de masse. Ces trailers historiques s’adonneront à leur passion comme le font les alpinistes : ils consulteront la météo, ils établiront leur itinéraire, ils diront à leurs proches où ils partent et ils s’en iront seuls en montagne.
Le trail va également se professionnaliser. Il faut bien que les coureurs vivent ! La discipline évoluera comme le VTT : des courses sur circuits (comme c’est déjà le cas), différents types d’athlètes sur les différents formats de course et un renouvellement plus rapide des coureurs élites. On constate d’ailleurs depuis quelques années l’apparition de jeunes trailers qui remplacent les vainqueurs d’antan tels que Marco Olmo. »
Pour en revenir à ton secteur d’activité, peux-tu dresser le portrait robot du « sportif voyageur » ?
« Le client de VO2max Voyages est le « monsieur tout le monde du sport ». Ce ne sont pas des sportifs d’élite, ce sont des personnes qui travaillent, qui pratiquent une activité sportive régulière et participent deux à trois fois par an à un marathon ou un triathlon. Ils s’inscrivent davantage dans une logique de « finishers » que de « performers ». Nos clients sont finalement des coureurs qui se situent dans la moyenne des pratiquants. »
Que cherchent les sportifs en recourant à un voyagiste tel que VO2max Voyages ?
« Ils recherchent un accompagnement, la convivialité mais aussi un soutien logistique (inscription à la course, hôtel, avion…). Nous leur permettons de payer moins cher les prestations car nous achetons à de meilleurs tarifs qu’un particulier. »
Comment VO2max Voyages se différencie-t-il de ses concurrents ?
« Etant arrivé bien après ses concurrents sur le marché, VO2max Voyages a dû se démarquer immédiatement. Nous essayons d’être emphatiques avec nos clients. Nous apportons compétence sportive et convivialité. Lors des voyages, nous organisons des moments dédiés aux échanges d’expériences sportives entre les personnes et à la transmission d’informations utiles pour la course. Comme ce sont des personnes passionnées qui se retrouvent, une très bonne ambiance se crée. C’est une alchimie qu’il faut vivre pour la comprendre !
Les coaches qui encadrent les voyages sont charismatiques et intéressants. Ils apportent toujours quelque chose à chacun des clients, quel que soit le niveau de ces derniers. Ils ne gèrent pas uniquement des questions logistiques, ils se mettent vraiment à la disposition de chacun.
VO2max Voyages essaie de proposer des formules originales… mais les coureurs sont malheureusement peu originaux ! Tout le monde veut le marathon de New York ! Nous offrons néanmoins des destinations atypiques comme la Laponie finlandaise, la Desert Race au Maroc, le triathlon de l’Ile Maurice ou encore la Guadarun à la Guadeloupe. Ces voyages sont très enrichissants sur le plan personnel et sportif. Ils permettent de découvrir des régions d’une manière unique. Hélas, nous souffrons trop souvent d’un manque de visibilité et de communication. »
Pour finir, as-tu un message personnel à transmettre aux lecteurs ?
« Le sport, c’est bon pour la santé ! Il faut en faire beaucoup ! Les pratiquants le savent pertinemment. Cependant beaucoup trop de personnes ne courent pas encore. Il faut combattre les idées reçues. Non, ce n’est ni désocialisant ni anormal de faire du sport ou de courir un marathon. Pour entretenir la motivation et adopter une bonne pratique sportive, rien de tel que des objectifs ludiques… comme ceux que propose VO2max Voyages, évidemment ! »
Le site de VO2max Voyages : www.vo2maxvoyages.com
Un article sur le tourisme sportif à La Réunion avec des éléments d’analyse intéressants sur l’impact du Grand Raid : http://www.insee.fr/fr/insee_regions/reunion/themes/revue/revue121/R121_touri_sportif.pdf
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