Tout le monde le connaît. Andy Symonds avait débarqué avec fracas, il y a quelques années, sur les sentiers français, raflant les plus grandes victoires avec un panache étonnant. En 2012, ce Britannique fort sympathique remportait, entre autres le Snow Trail Ubaye Salomon, le Trail du Ventoux, L’Ardéchois, le Trail de la Sainte Victoire, le Volcano Trail, la Gap’encîmes, la 2e place sur la Transvulcania et le Trail Ubaye Salomon et la 3e place des Templiers ! Malheureusement, dès 2013, une blessure compliquée à la jambe le contraignait au repos. Encore inexpliquée, cette douleur récalcitrante continue à éloigner Andy des chemins. Une situation qui prive non seulement le trail d’un grand champion, mais qui commence aussi à entamer le flegme tout britannique d’Andy… Interview. 

Avant tout, comment vas-tu, à la fois physiquement et moralement ? Comment vis-tu cet éloignement des sentiers, toi qui as vécu le frisson des victoires ? 

D’abord, oui, je suis toujours « blessé ». Je mets le mot entre guillemets car je n’ai pas une blessure typique, il n’y a rien de cassé ou usé, style tendinite, etc. Ce que j’ai, c’est plus un muscle qui ne répond pas bien, bizarrement. Il contracte et ne fonctionne pas pareil qu’à gauche. On pense aujourd’hui que je dois avoir une compression sur un nerf dans la cuisse, mais aucun test ou scan n’a encore pu pointer une origine possible. Aujourd’hui, il n’est pas impossible de courir dans cet état, mais c’est nettement plus difficile et c’est surtout beaucoup moins agréable qu’avant. Comment est-ce que je vis cette période ? Évidemment, c’est très frustrant. Pour un sportif, il n’y a rien de pire que la blessure. En même temps, j’ai essayé de ne pas trop m’énerver de la situation, ça ne sert à rien. Je me suis concentré sur d’autres aspects de ma vie, je me suis bien occupé au quotidien, chose facile avec deux enfants en bas âge !

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Autoportrait d’Andy, pas seulement trailer, mais aussi dessinateur !

 

Aujourd’hui, es-tu toujours membre du team Salomon ? Comment la marque t’a-t-elle soutenu et accompagné compte tenu de ta blessure ? 

Oui, je suis toujours membre du team Salomon. Eux comme moi sont confiants : il ne s’agit que d’un passage, d’une phase difficile mais de durée limitée. Un de ces quatre, la jambe refonctionnera normalement et je retournerai très rapidement sur les sentiers.

Quels sont tes projets sportifs à court et moyen termes ?

A court terme, c’est facile : me remettre sur pied. Puis je retournerai sur des courses de distance classique 40-50 km avec beaucoup de dénivelée. 🙂 J’aimerais faire quelques skyraces en France et à l’étranger plus tard cette année. Et pour la suite la page est blanche et ouverte. Je me testerai sûrement bientôt sur des distances plus longues, d’abord pour voir si ça me plaît.

Quel regard portes-tu sur le trail d’aujourd’hui (multiplication des teams, circuits de skyrunning et de l’UTWT…) ? 

Plus il y a des courses, plus je vais me casser la tête à choisir lesquelles faire ! C’est déjà un choix difficile avec un calendrier tellement chargé ! Mais c’est une bonne chose. S’il y beaucoup de teams, de circuits, etc., ça veut dire que le sport est populaire et que plus de gens respirent l’air du sentier et de la montagne. C’est sain. Pour les fédérations, c’est compliqué de plaire à tout le monde et, du coup, en ce moment, on voit un peu de tout. J’imagine qu’à long terme seulement les structures qui fonctionnent bien et celles qui sont populaires dureront. Espérons juste que ce seront celles avec une valeur de nature, de montagne, et non pas de média et de boucles dans la forêt !

Kilian Jornet domine encore et toujours la discipline, mais d’autres coureurs font preuve d’un talent étonnant : François D’Haene, Xavier Thévenard, Julien Rancon… D’après toi, est-ce dangereux qu’autant de pratiquants et de jeunes se dirigent vers les longues distances ? Pourquoi les distances plus courtes sont-elles aussi peu valorisées par rapport aux ultras ?

Ça, c’est une très bonne question. Pourquoi est-ce que les gens sont plus intéressés par une rando-balade de 20 heures autour du Mont Blanc qu’un assaut du Ventoux en 4 heures ? OK, j’exagère un peu, mais la longue distance c’est la survie du coureur plus qu’autre chose. C’est l’entraînement derrière et puis la gestion de ses muscles et de sa réserve d’énergie. Alors qu’une course de 4-5 heures sur une bonne montagne bien raide devrait être plus excitante, non ? Je suppose que ce qui doit attirer l’intérêt, c’est le côté impressionnant de pouvoir simplement faire de telles distances. C’est vrai que c’est assez incroyable de voir François parcourir les 164 km de la Réunion en 22 heures, par exemple. Et est-ce que ça casse le corps ? On ne sait pas encore car ça ne fait pas très longtemps que des jeunes tentent ce style de course. A mon avis, oui, ça casse et ça use plus que des courtes distances, mais c’est sûrement mieux pour les jambes que de courir sur la route.

Et si nous parlions des filles ? Pour toi, qui sont les meilleures traileuses mondiales sur les différentes distances (trail court, long, ultra…) ?

Comme chez les hommes, nous avons aussi vu une explosion de talents chez les filles récemment. Il y a trop de noms pour les citer toutes, mais regardons les résultats de l’UTMB l’année dernière et ceux de la Réunion aussi : voir des filles dans le top 10 au scratch de ces grosses courses, ou pas loin, ça veut dire qu’elles ont vraiment couru très vite ! Le retour d’Anna Frost l’autre weekend à la Transvulcania était aussi un résultat à admirer… et surtout un bon exemple de comment faire un retour de blessure !

Enfin, quel message as-tu envie de transmettre aux lecteurs qui pratiquent le trail ?

Si vous n’êtes pas blessé, profitez-en ! 🙂   Et profitez de la vie en générale, que ce soit sur un sentier ou ailleurs. Maintenant, je vais aller manger une glace 🙂

Andy Symonds en bref

Âge : 32  ans
Né à Manchester (Grande-Bretagne)
Vit à Lagnes, en Provence
Profession : Ingénieur énergies renouvelables (EOLE-RES)
Membre du team Salomon
Son blog : http://andysymonds.blogspot.fr 

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