En ce lundi 26 mai, l’actualité est chargée. Tandis que les médias s’affolent des scores réalisés par le Front National aux élections européennes, la presse spécialisée revient sur les épreuves trail du week-end. Si Zegama, événement incontournable du calendrier où se pressent chaque année les stars de la discipline, Kilian Jornet en tête, suscite légitimement le plus vif intérêt, les championnats de France de course en montagne restent légèrement en retrait. Pourtant, au Chambon Fougerolles, la bataille a été rude. Et superbe.
Favori et champion de France en titre, Julien Rancon avait à coeur de conserver sa couronne et, surtout, de décrocher son ticket pour les championnats d’Europe qui se dérouleront le 12 juillet à Gap. Impérial depuis trois ans sur ce format de course, Julien a de nouveau fait parler son talent. Coureur complet (il s’est aligné tout l’hiver sur les cross et signait en février dernier un joli 30’26 » sur 10 km !), Julien reste attaché à cette discipline exigeante qu’est la course en montagne. Une discipline impitoyable dont la rudesse ne peut être comprise qu’en étant vécue.
La course en montagne pourrait se résumer rapidement comme suit : un cross avec beaucoup de dénivelée. C’est le genre d’épreuve où l’on n’a guère le temps de gérer ou de réfléchir tant l’intensité est forte. Je me souviendrai longtemps de mes premiers championnats de France, il y a trois ans, dans les Pyrénées. Le peloton s’était élancé sous la pluie, à toute vitesse, dans un sentier qui ressemblait davantage à une rigole de boue et de cailloux qu’à un véritable chemin. Pas de portion plate au programme, uniquement des montées raides et des descentes glissantes. Les jambes faisaient mal, le souffle était court. Comme en cross, la course en montagne consiste à mourir lentement. Celui qui gagne, c’est celui qui meurt en dernier ! Mais celui qui gagne, c’est aussi celui qui possède un large éventail de qualités : capacité à grimper, vitesse, technicité en descente, pied montagnard, intelligence de course.
Hier, Julien Rancon a démontré qu’il était encore et toujours le meilleur à ce jeu-là. Absente de ces championnats par choix, je suis restée suspendue à internet pour suivre la compétition. Et c’est avec une vive émotion que j’ai appris la victoire de Julien devant deux grands noms de la course en montagne hexagonale, Emmanuel Meyssat et Renaud Jaillardon. Troisième titre consécutif pour Julien, quatrième de sa carrière : un palmarès remarquable pour un coureur qui ne cesse de surprendre. Et qui pourrait bien nous étonner encore à Gap, dans quelques semaines !
Parce que Julien est un athlète d’exception, mais aussi parce qu’il reste humble et disponible, je voulais par ce billet lui rendre hommage et le remercier. Alors que le trail succombe inexorablement aux sirènes médiatiques et commerciales, Julien n’oublie pas ses racines. Il aurait pu se détourner de la course de montagne pour se consacrer corps et âme au trail, voire à l’ultra qui suscite tant d’intérêt et attire tant de sponsors. Il aurait pu se détourner de ces épreuves courtes qui ne déchaînent pas autant les passions que les interminables épopées autour du Mont Blanc ou à travers l’île de La Réunion. Mais Julien a choisi de rester fidèle à la course en montagne et son talent permet incontestablement d’entretenir l’intérêt pour cette discipline fondatrice. Alors, Julien, je voulais te dire merci. Et bravo !
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