Chassez le naturel, il revient au galop ! L’adage est bien connu. Et sans aucun doute très pertinent. Plusieurs années après avoir dû abandonner ma passion originelle, la marche athlétique (cela fera bientôt cinq ans qu’une vilaine blessure m’en a définitivement éloignée), je reste à l’affût des résultats et actualités de la discipline. Les récents championnats de France de 20 et 50 km ont donc retenu mon attention et me poussent aujourd’hui à publier un article sur ce sport trop souvent moqué, trop souvent ignoré et pourtant si fondamental.
De la marche à la course, il n’y a qu’un pas !
Pourquoi évoquer la marche athlétique dans un blog dédié au trail et au running ? Parce que mettre un pied devant l’autre est une gestuelle qui réunit la course à pied et la marche. Et parce que mon parcours personnel m’a persuadée que les disciplines d’endurance n’étaient pas séparées par des frontières hermétiques, bien au contraire. Au gré de ses envies, de ses capacités et de ses pépins physiques, l’athlète peut naviguer d’un sport à l’autre, les qualités développées dans une spécialité étant toujours réinvesties ailleurs.
Tandis que la course à pied se caractérise par une phase de suspension (le coureur « vole » pendant quelques fractions de seconde puisqu’il n’a plus aucun contact avec le sol), la marche se définit par un point d’appui permanent à terre. Mais il existe différentes manières de marcher : avec ou sans bâtons, vite ou lentement, naturellement ou sous contraintes. En d’autres termes, la marche recouvre une pluralité de pratiques. On distingue ainsi :
- la marche athlétique ;
- la randonnée ;
- la marche nordique.
Marcher oui, mais comment ?
La plus impressionnante – mais aussi la moins pratiquée – est sans aucun doute la marche athlétique. Grâce à la médiatisation de Yohan Diniz, double champion d’Europe en 2006 et 2010 et médaillé d’argent aux championnats du monde 2007 sur 50 km, la discipline est sortie de l’ombre en France au cours des années 2000. Exigeante techniquement et physiquement, elle reste toutefois assez marginale dans nos contrées. Je me souviens d’un entraînement réalisé à Biarritz en juillet, à quelques semaines des championnats de France Elite que je préparais alors assidûment. Il n’était pas rare que les vacanciers me regardent d’un drôle d’air, entre curiosité et amusement. Particulièrement intrigué, un couple échangeait quelques paroles que j’entendis dans mon dos : « elle doit être drôlement handicapée pour courir comme ça. » La marche athlétique, une discipline méconnue en France ? Non, si peu !
Plus sérieusement, l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (IAAF) stipule que la marche athlétique consiste en « une progression de pas exécutés de telle manière que le marcheur maintienne un contact avec le sol sans qu’il ne survienne aucune perte de contact visible (pour l’œil humain). La jambe avant doit être tendue (c’est-à-dire que le genou ne doit pas être plié) à partir du premier contact avec le sol jusqu’à ce qu’elle se trouve en position verticale ». Autant dire qu’on ne s’improvise pas marcheur athlétique ! Pour participer aux compétitions, il faut être licencié à la FFA… et être drôlement bien préparé : imaginez les courbatures lorsque vous vous lancez sur 20 km ou 50 km sans entraînement adapté… Il est fort à parier que vous découvririez des muscles dont vous ne soupçonniez pas l’existence !
Une discipline à part entière
Pourtant la marche athlétique n’est pas une discipline aussi bizarre que l’on veut le croire en France. En tout cas, elle n’est pas plus étrange que le lancer du marteau ou le steeple ! Souvent ignorée, elle n’en est pas moins une discipline olympique, introduite pour la première fois aux JO de 1908. Egalement appelé race walking ou speed walking, elle se déroule soit sur piste, soit sur route. Les distances varient en fonction des catégories d’âge mais les épreuves olympiques sont de 20 km pour les femmes, 20 km et 50 km pour les hommes. Les compétitions sont encadrées par des juges qui, uniquement à l’œil nu (ni vidéo, ni photo), estiment si les concurrents respectent ou non le règlement. Trois cartons rouges donnés par trois juges différents entraînent une disqualification. Pour être un bon marcheur, il faut disposer de grandes qualités athlétiques : souplesse articulaire, endurance, mental d’acier, technicité.
Où et comment pratiquer ?
Je le sens bien (ne dites pas le contraire, vous me feriez de la peine !) : après avoir lu cet article, vous voilà séduit (ou curieux) et vous avez envie de tenter l’expérience. Pour commencer, choisissez des chaussures très fines (presque sans amorti) et faites-vous accompagner par un expert, par exemple dans un club d’athlétisme. La technique doit être appliquée avec soin si vous ne voulez pas avoir mal partout ! Et lorsque vous saurez marcher, sensations et plaisir seront au rendez-vous. Parole d’ex-marcheuse traileuse !
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