Vainqueur de la TDS puis 2ème du Grand Raid de La Réunion, la Savoyarde a signé une saison 2018 d’exception et commencé l’année 2019 sur les chapeaux de roues en remportant haut la main la TransLantau à Hong Kong. Désormais intégrée au team Hoka One One, Audrey Tanguy regarde sa nouvelle vie sportive avec un air encore ébahi. « C’est bien à moi que ça arrive, tout ça ? »
« Libéréééée, délivréééée… le froid est pour moi le prix de la libertééé ! » Ecouteurs vissés dans les oreilles, mini-iPod accroché au bas de la veste imperméable et fil ballottant au gré des foulées – parce que c’est tellement plus rigolo d’avoir le bras qui s’empêtre dans le câble et arrache les oreillettes ! – Audrey Tanguy s’élance dans la neige des Saisies. Au menu de ce midi du mois de janvier 2019 : une petite sortie d’une heure et demie, histoire de décrasser les gambettes et d’avoir la dose quotidienne de montagne. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas un trail blanc au programme du lendemain ! La course n’a beau afficher que 10 km, elle n’en reste pas moins une épreuve intense qui exigera de la Savoyarde des jambes en bon état. Mais pour la trentenaire, qui court depuis sa plus tendre enfance avec ses parents et sa sœur, il est hors de question de se reposer ne serait-ce qu’un jour. Addiction ? Probablement, mais surtout un immense amour de l’évasion en montagne. « Ma mère court sur la route, mais c’est ma sœur qui a fait la première un parcours de trail… et je l’ai suivie. Plus tard, c’est mon beau-père qui nous a poussées à participer à des compétitions », évoque Audrey Tanguy qui a grandi à Saint-Pierre-d’Albigny, aux portes de la Savoie. « Bien que j’aie longtemps fait du patinage artistique, je n’ai jamais aimé les compétitions qui me stressent énormément. Mon beau-père a néanmoins réussi à me traîner sur un trail de 24 km… et je l’ai gagné. »
Le jeune Savoyarde n’avait pourtant pas de programme structuré avant d’entrer dans le team Hoka cette année. Elle courait tous les jours, mais ne connaissait ni le fractionné ni les plannings rationnels. Emballée par sa première expérience avec un dossard, elle avait décidé de s’aligner au départ du Grand Raid 73 en 2013. « Après 24 km, c’était vraiment l’idéal de faire d’emblée 73 km et 4800 m de dénivelé positif », ironise-t-elle en riant. Cette année-là, pas de chance : la météo est exécrable et les paysages disparaissent dans une tempête de neige en plein mois d’avril. Alors Audrey s’engage à renouveler l’expérience pour vraiment profiter du parcours. « L’année suivante, je passais mon concours de professeur d’EPS, alors je n’ai fait que le petit trail de 24 km. Mais j’ai recouru les 73 km en 2015. Je faisais une compétition par an, en fait. » Quelques mois plus tard, pour accompagner sa meilleure amie, elle s’engage sur les 47 km de l’Echappée Belle, une épreuve ultra technique dans le massif de Belledonne. « La veille de la course, j’ai regardé le chrono de l’année précédente. Et là, j’ai vu que la vainqueur avait mis 9 heures pour boucler le parcours. 9 heures… J’ai commencé à paniquer ! » Contre toute attente, Audrey avale l’affaire en 8 heures et termine troisième.
Comme les défis les plus dingues n’effraient pas cette montagnarde dans l’âme, Audrey s’inscrit l’année suivante sur le 85 km de l’Echappée Belle. Mais son premier poste d’enseignante est évidemment parisien et elle doit s’exiler dans la capitale. Optimal pour préparer un trail d’altitude… « Pour couronner le tout, en juillet, je suis partie en vacances en Malaisie avec des copines, donc je n’ai pas du tout couru. En août, j’ai donc décidé de suivre un stage de préparation à l’Echappée Belle avec Antoine Guillon. J’étais super angoissée parce que j’étais sûre de tomber avec des acharnés et des gens super forts. » La jeune Savoyarde encaisse pourtant avec facilité le stage. Une telle facilité qu’Antoine Guillon lui propose de s’entraîner avec lui de temps en temps. La proposition inespérée – qui se transforme rapidement en véritable amitié entre les deux coureurs – motive Audrey qui s’aligne au départ de ses 85 km l’esprit plus serein. « Mais je suis très exigeante envers moi-même, alors je suis toujours un peu sous pression au départ d’une course. Dès que je mets un dossard, je suis en mode performance. Mais je me satisfais de ce que j’ai : si je termine 10ème, ce n’est pas grave. Ce que je n’aime pas, c’est mal gérer une course. »
« Quand on prend de la hauteur, tout semble insignifiant, la tristesse, l’angoisse et la peur m’ont quittées depuis longtemps… » Le chant de la Reine des Neiges se poursuit, emblématique de l’état d’esprit d’Audrey lorsqu’elle s’échappe en nature et trouve apaisement et bonheur au sommet des montagnes. S’entraîner ? Pour la pétillante Savoyarde, ce n’est jamais une contrainte, mais toujours un pur plaisir. « J’aime tout : le court, le long, la neige, la boue, le soleil… Je m’amuse tout le temps. » Un sourire illumine le visage de la championne qui regarde sa saison 2019 avec des étoiles dans les yeux. Après avoir gagné la TransLantau, elle courra avec Katie Schide la course à étapes One&1 avant de s’élancer sur le MIUT, puis le Lavaredo Ultra Trail et de nouveau la TDS à Chamonix. Impatiente ? Pire que ça ! « Libéréééée, délivréééée… »
Audrey en bref
31 ans – née le 5 janvier 1988
Vit à Saint-Pierre-d’Albigny (Savoie)
Profession : enseignante d’EPS
Patineuse artistique dans son enfance, coureuse à pied depuis toujours.
Palmarès : vainqueur des 85 km de l’Echappée Belle 2017, 2èmedes 90 km du Mont-Blanc 2018, 2èmedu MIUT 2018, vainqueur de la TDS 2018, 2èmedu Grand Raid de La Réunion 2018, vainqueur de la TransLantau 2019.
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