Il faut croire que l’ultra exige une personnalité hors normes. On connaît Anton Krupicka ou Stéphane Brogniart, tous deux plutôt atypiques. Frédéric Desplanches fait partie de ces trailers-là. Original, le pensionnaire du team New Balance vit sa passion avec une sérénité et un recul désarmants. Interview.
Tu étais ambassadeur New Balance pendant quelques années avant d’entrer dans le team l’an dernier. Comment s’est passée ton intégration dans l’équipe ?
« Effectivement, je suis entré dans le team en début de saison, mais j’ai été ambassadeur de la marque pendant plusieurs années. J’avais donc déjà participé à quelques regroupements avec le team au titre d’ambassadeur, ce qui m’avait permis de faire connaissance avec les athlètes, le manager Jacques Peyrard et l’état d’esprit du team. Je n’ai donc pas vraiment vécu d’intégration à proprement parler puisque cet univers m’était familier. »
Le fonctionnement du team te permet-il de briser la solitude souvent vécue par les coureurs d’ultra ?
« Le team organise deux ou trois rassemblements dans l’année et nous nous voyons également à l’occasion de trois ou quatre compétitions majeures de la saison, telles que l’UTMB, les 80 km du Mont Blanc ou le Festival des Templiers. L’ambiance est vraiment sympa dans l’équipe. Pour des raisons géographiques, je vois régulièrement Mikaël Pasero et Cédric Fleureton. Avec Mika, nous faisons beaucoup de offs et de longues sorties en montagne. Avec Cédric, les sorties sont plus courtes et plus douloureuses pour moi ! »
As-tu progressivement évolué vers l’ultra ou as-tu toujours préféré les longues distances ?
« J’ai toujours préféré l’ultra. J’ai commencé par courir uniquement en off. Il y a dix ans, quand j’ai débuté le trail, j’ai ainsi réalisé le GR5, le GR10 et le GR20 en autonomie, mais en me fixant chaque fois des objectifs de durée maximale. Depuis 2013, je cours de cette manière seul ou avec Mikaël. Nous avons bouclé tous les deux le GR10 qui relie l’Atlantique à la Méditerranée. Cette année, je prévois de faire la traversée de l’arc alpin, de Trieste à Monaco. »
Tu sembles pencher davantage pour les offs que pour les compétitions officielles…
« Non, j’aime autant les deux formules ! Les offs permettent de se sentir l’âme d’un aventurier, sans aucune certitude. Les compétitions exigent davantage de rigueur. Dans tous les cas, l’ultra implique une excellente gestion de tous les paramètres. Or ça tombe bien car je manque cruellement de gestion dans ma vie quotidienne ! Le trail me permet ainsi d’évoluer personnellement. J’aime également le dépassement de soi lié aux longues distances et, surtout, la dimension sociale. En compétition, on court souvent avec quelqu’un ou avec un petit groupe. On se parle, on se découvre, parfois on s’entraide. L’ultra possède encore l’esprit fondateur du trail. »
Quel est ton métier ?
« Je suis enseignant de lettres modernes au lycée d’Ambérieu-en-Bugey où je donne des cours à des classes de seconde et de BTS. J’enseigne également à l’IUT de Lyon. J’aime transmettre des idées, même si je ne me considère pas comme un vieux sage ! Mon but est de rendre les élèves curieux et de les conduire à se poser de vraies questions. Pour moi, sport et travail sont complémentaires. La rigueur que me demande l’entraînement a fini par développer en moi des qualités d’endurance et de patience qui me permettent d’appréhender plus sereinement et plus efficacement mon travail. Dans mon planning, les séances trouvent leur place le matin très tôt, le soir après les cours et le week-end pour les sorties longues. »
Frédéric Desplanches : bio express
40 ans
1,77 m – 65 kg
Professeur de lettres modernes
Pacsé, sans enfant
Palmarès :
– Vainqueur de l’Ultra du Beaujolais 2015
– Vainqueur de l’Ultra Trail de Côte d’or 2014
– Vainqueur du Challenge Val de Drôme 2014 et 2015
– Vainqueur de l’UT4M 2014
– 2e de l’Endurance Trail des Templiers 2014
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