Dans l’univers du trail, il y a des codes. Un langage, un style vestimentaire, un équipement. Prenons simplement les flasques souples : dans le monde du trail, c’est un accessoire devenu très banal. Tous les coureurs n’en utilisent pas, mais tous savent qu’il existe.
Dans la sphère du triathlon, il y a aussi des codes. Un langage, un style vestimentaire, un équipement. Pour avoir essayé de me lancer dans le triathlon à une époque, sans grand succès je l’avoue (le soir où nous avons nagé en bassin extérieur sous la neige et où j’ai dû sortir de l’eau tellement j’étais frigorifiée et réellement bleue de froid, j’ai abandonné définitivement), je connaissais un peu ce milieu et ne pensais pas être dépaysée en débarquant la semaine dernière sur l’Indian Ocean Triathlon. Il faut dire aussi que j’avais déjà goûté à l’événement l’an dernier et appréhendé la culture « tri ». Mais je ne m’attendais pas à ce que ma petite flasque bleue, qui m’accompagnait à chacun de mes entraînements à pied au bord de l’Océan Indien, suscite autant d’interrogations chez les triathlètes. Ils n’avaient jamais vu ce genre de bidon !
Les passerelles entre le trail et le triathlon sont nombreuses. Ne serait-ce qu’en termes d’équipement : les triahlètes utilisent des manchons de compression, des porte-dossards, des visières, des montres ultra-perfectionnées. Les trailers aussi. Les triathlètes mangent et respirent pour leur sport. Les trailers aussi. Les triathlètes sont littéralement « déguisés » quand ils s’adonnent à leur loisir favori. Les trailers aussi. Les triathlètes font le tour du monde pour vivre leur passion sous d’autres latitudes. Les trailers aussi. L’île Maurice est un paradis pour les triathlètes. Pour les trailers aussi !
Bien qu’elle soit petite et que ses habitants vivent encore en mode « survie » plutôt qu’en mode « loisirs », Maurice est une île qui recèle une kyrielle d’événements sportifs. Ici, on peut pratiquer le golf, le kayak de mer, le kite surf, le surf, le beach rugby, le tennis, le vélo, le marathon, la randonnée, le VTT et, bien entendu, le trail et le triathlon. Plusieurs courses émaillent l’année : le Royal Raid en mai, le Dodo Trail et l’UTRB en juillet, le trail de Rodrigues en novembre. Côté triathlon, une épreuve se déroule elle aussi en novembre : l’IOT, qui affirme être « le plus beau triathlon du monde ». S’il y a des slogans surfaits, il faut bien avouer que celui-là n’est que l’exacte vérité. Pour l’avoir vécu l’an dernier de l’intérieur et pour l’avoir couvert en tant que journaliste et vidéaste cette année, je confirme que l’IOT est une course d’exception qui allie beauté du parcours, difficulté sportive et qualité de l’organisation.
Imaginez un instant nager dans un lagon turquoise où vos yeux, loin de rencontrer les carreaux de la piscine ou la vase d’un lac, admirent coraux et poissons multicolores. Imaginez rouler sur des routes bordées de forêt tropicale (il n’est pas rare qu’un singe curieux vous regarde passer !), de champs de canne à sucre, de villages où les Mauriciens vous encouragent et les poules traversent sans crier gare. Imaginez courir sur le sable fin, entre les palmiers et l’océan transparent. Imaginez enfin franchir l’arche d’arrivée faite de branches de cocotier et de fleurs de bougainvilliers. L’émotion éprouvée est immense, le plaisir de l’effort sportif est incommensurable. Et le bonheur du voyage renforce la joie de la performance accomplie. Sur ce point-là aussi, triathlètes et trailers se rejoignent : ils aiment partir à la découverte d’autres paysages, d’autres populations, d’autres sensations, tout en vivant leur passion. Et si, au fond, nous étions tous les mêmes ? Au-delà des cultures différentes entre les disciplines, nous sommes tous des sportifs.
P.S. : amis coureurs à pied, un conseil : si vous voulez tester le triathlon, allez à l’île Maurice ! Il fait chaud et beau et je vous jure que c’est bien plus sympa de nager dans un lagon plutôt que dans un canal urbain, un lac vaseux ou une piscine aux carreaux fendus ! 😉
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