Les coureurs en montagne connaissent bien sa petite silhouette élancée. Ils l’ont bien souvent côtoyée sur les lignes de départ, avant de la voir filer à toute allure sur les pentes les plus raides. Raymond Fontaine, qui est bé et vit à La Réunion avec sa famille, possède un palmarès long comme le bras en course de montagne et trail running. Entretien avec un athlète humble et disponible.
Raymond, tu appartiens au team Salomon Réunion depuis le début de la saison après avoir longtemps couru sous les couleurs d’Asics. Pourquoi avoir changé d’écurie ?
« Je suis effectivement tout nouveau dans le team qui ne réunit pas forcément les meilleurs athlètes de l’île, mais des athlètes qui ont un bon état d’esprit et qui représentent toutes les distances. Nous sommes une bonne dizaine. Laurent Allard, team manager, a gardé les anciens qui ont véhiculé l’image de la marque depuis le début. L’équipe se renouvelle régulièrement. Nous ne sommes pas soumis à des obligations de résultats, contrairement à d’autres teams. Nous nous regroupons souvent, notamment en début d’année pour lancer la saison et présenter l’équipe. Nous nous retrouvons aussi sur des compétitions, par exemple des courses de rang national. A La Réunion, c’est plus facile de nous regrouper car nous sommes proches géographiquement. En ce qui me concerne, c’est la première fois que je suis dans un team à La Réunion. Auparavant, j’étais toujours dans des teams en métropole. J’avais anticipé mon départ du team Asics car je voulais m’investir davantage au niveau régional et je voulais limiter le rythme des compétitions nationales car je me déplaçais cinq à six fois par an. Ça devenait compliqué avec la famille et le travail. C’est pour ça que j’ai choisi de représenter un team départemental. A mes yeux, le plus crédible était le team Salomon. Je n’ai pas eu beaucoup de difficultés à avoir ma place dans l’équipe. Je voulais être plus proche des gens et de mon équipe, même si nous étions bien gâtés dans le team Asics et qu’il n’y avait pas de problème. Je cherchais la dimension collective, avoir une équipe plus proche, avoir des collègues d’entraînement que je connaissais. Je voulais partager mon expérience avec les membres du team, les accompagner aussi si besoin pour leur permettre d’évoluer et d’essayer de faire des résultats au niveau national. »
Tu as été éloigné des sentiers pendant un an et demi en raison d’une blessure à la hanche. Ce pépin physique t’a-t-il conduit à envisager ta retraite sportive ?
« Non, je ne suis pas du tout en retraite ! J’ai réduit la fréquence des compétitions mais je ne suis pas en retraite du tout ! Je m’entraîne aussi dur qu’auparavant, il n’y a pas de doute ! Je cible toutefois mes compétitions par rapport aux stages de trail que j’organise et par rapport au coaching que j’assure pour plusieurs personnes sur l’île. Avec en plus le boulot et la famille, ça fait pas mal de secteurs à gérer ! Mais je veux rester dans le bain en participant à des compétitions internationales afin de me confronter à un bon niveau. Je suis encore jeune, j’ai 35 ans cette année, donc ce n’est pas encore le moment d’envisager la fin de ma carrière. C’est vrai que je me suis posé beaucoup de questions quand j’étais blessé. Cela fait plus de quinze ans que je suis athlète de haut niveau et plus de vingt ans que je pratique la course à pied. Je me suis donc interrogé, mais la passion l’a emporté. En termes de courses, il faut faire un choix, je ne peux pas tout faire. Il y a du pain sur la planche, donc je dois cibler. Je me sens de mieux en mieux physiquement, j’ai moins de douleurs, le goût de la compétition revient petit à petit. »
Tu évoquais les stages de trail que tu organises à La Réunion. Peux-tu nous en dire davantage ?
« J’organise depuis deux ans et demi des stages de trail à La Réunion, en fait depuis que je me suis blessé parce que j’avais plus de temps et que cela me permettait de compenser le manque d’activité. Je voulais partager mon expérience, notamment avec des athlètes à bon potentiel à La Réunion mais qui, à mon goût, s’entraînaient un peu trop. Je voulais les aider à mieux cadrer leur entraînement pour obtenir des résultats à la hauteur de leur potentiel et s’exporter au niveau national. J’organise un stage par mois, ouvert également aux métropolitains. L’objectif final est souvent le Grand Raid. Je fais aussi des coachings personnalisés en parallèle, notamment avec les tout meilleurs athlètes de La Réunion. Cela demande beaucoup de travail. L’objectif n’est pas seulement d’avoir des résultats en tant qu’athlète moi-même, mais aussi en tant qu’entraîneur. »
Hormis cette activité de coach, quelles sont tes fonctions professionnelles ?
« J’ai les diplômes d’éducateur sportif, mais je suis récemment devenu gérant d’un établissement recevant du public, qu’il s’agisse d’associations sportives, d’écoles, de collèges… Je gère le personnel de cet établissement. Je continue à entraîner les coureurs de mon club en parallèle et, comme je le disais précédemment, j’ai mon activité de coaching. Ma carrière sportive s’emboîte bien avec le reste et je me connais bien sur le plan sportif. Je sais quand il faut que je m’investisse sur le plan professionnel pour atteindre mes objectifs et quand je dois le faire sur le plan sportif. »
Quels conseils clés donnerais-tu à nos lecteurs ?
« En ce qui concerne l’entraînement, je leur dirais de bien planifier leur saison et de faire une programmation adéquate pour atteindre l’objectif qu’ils ont défini. En course, je leur conseillerais de rester dans leur bulle et de courir par rapport à leurs capacités, tout en restant attentif à ce qui se passe autour d’eux. L’alimentation en compétition est elle aussi un élément fondamental dont il faut prendre grand soin. Il faut bien s’alimenter et s’hydrater dès les premières minutes de l’entraînement et de la compétition afin d’être en mesure de profiter du parcours. Enfin, je ne peux que recommander à tous d’emporter tout le matériel obligatoire, surtout si on évolue en haute montagne où le climat change brusquement. La sécurité avant tout ! »
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