Le chemin est d’abord roulant. Très roulant. Puis il s’élève progressivement, se redresse en un single tortueux et caillouteux, avant d’atteindre le premier col. Une descente, longue et jouissive, commence alors. Une alternance de lacets serrés et de portions rectilignes où il fait bon accélérer. Dans la vallée, on traverse un premier village, puis on s’engage sur une piste jouant avec les faux plats. Plusieurs kilomètres défilent avant que le chemin bifurque brutalement dans la pente. C’est alors qu’une terrible ascension de 900 m D+ s’offre au trailer déjà bien entamé… Puis c’est le deuxième col et la descente finale jusqu’à l’arrivée.
Ce bref descriptif de la Virée d’Ikkiss, au Maroc (épreuve de 26 km et 1400 m D+ de l’UTAT), permet de souligner une réalité : le trailer doit être un coureur complet. Tour à tour confronté à des pistes roulantes, des sentiers techniques, des montées raides ou progressives, des descentes vertigineuses ou douces, le trailer doit développer une multitude de qualités. A bien y réfléchir, je crois que le trail est la seule discipline du running nécessitant de travailler autant d’habiletés techniques et mentales. Préparer un trail, c’est avaler des séances de VMA, de seuil, de montée, de descente, de PPG, de foncier. C’est gérer l’alimentation pendant l’effort et choisir son matériel. C’est aussi, au cours de la saison, se prêter parfois au jeu bien différent de la course sur route, du cross ou même de la piste.
Il y a quelques années, lorsque j’ai troqué mes chaussures de marche athlétique contre des chaussures de trail, j’ai essuyé des remarques ironiques de la part d’un entraîneur de mon club : « Mais qu’est-ce que tu vas faire sur les chemins ? Reste sur la piste et continue à courir ! » A croire que le trail n’est pas du vrai running aux yeux des puristes de l’athlétisme… Le temps s’est écoulé, les pratiques ont évolué et le trail s’est solidement implanté dans le paysage de l’athlé, devenant une discipline enfin reconnue. Mais tout le monde (à commencer par ses pratiquants) a-t-il réellement conscience de l’exigence plurielle de ce sport de pleine nature ?
Il serait amusant de dresser une liste à la Prévert pour énumérer toutes les qualités indispensables au trailer.
- Endurance
- Capacité à évoluer en terrain technique
- Vitesse
- Capacité à grimper
- Qualités de descendeur
- Capacité à encaisser les changements de rythme
- Force mentale
- Adaptation à l’altitude
- …
Et vous, quelles qualités ajouteriez-vous à cette liste non exhaustive ? 😉
06/10/2015 at 13:23
S’habituer à courir de nuit avec une lampe frontale en raison des départs matinaux et des arrivées tardives !
06/10/2015 at 13:43
Salut Marie!
Toi qui est passé par la marche comme moi, tu connais bien la technique pointue de la marche. Bras, attaque, déroulé, ouverture des hanches, poussée, bras, fixation du genou etc… En sprint, entre la posture du buste, anté/rétro version du bassin, angle des bras, armé du pied, nombre de foulées, poussée etc, c’est ô combien technique. Donc je ne classe pas le trail comme LE plus technique, puisque si on épluche les sauts et les lancers en athlé, on s’en sort plus. Mais je place le trail comme une discipline également technique, bien plus qu’on ne le croit en effet!
Trop souvent les coureurs comptent sur le matériel pour s’en sortir, y compris les chaussures qui contrôlent les torsions, qui relancent etc… c’est là qu’il faut faire comprendre que la technique du traileur est tout aussi importante sinon plus! Car la pose du pied, la posture du haut du corps etc, ça l’est aussi! Je rajouterai le renforcement musculaire spécifique, primordial.
Je rajoute donc : fréquence d’appuis, résistance musculaire, tonicité, équilibre, lecture anticipée, gestion de l’effort, recyclage musculaire (corps entraîné à éliminer les déchets), concentration, remobilisation… etc etc!
…ça recoupe sûrement ce que tu as déjà énuméré!
Au plaisir d’échanger Maire 🙂
06/10/2015 at 18:05
En parlant d’adaptation, je parlerais d’adaptation mentale, il faut avoir un mental, après avoir couru sur un terrain roulant par exemple, pour une ascension de 900m, ou lorsque l’on voit un panneau 50km, plus que 50 km.
Il faut aussi jouer avec la météo, les variations de chaleur et d’humidité.
Et je pense qu’il faut un esprit aventurier, une ouverture d’esprit pour découvrir ce que chacun a à découvrir.