1, 2, 3, 4, 5… Non, je ne rêve pas. Cela fait bientôt 5 mois que je n’ai pas épinglé de dossard sur un maillot ! Fichtre, le temps pas à une vitesse hallucinante… Il faut dire que l’hiver ne s’est pas vraiment déroulé comme je le souhaitais. Après une coupure annuelle salvatrice en décembre, j’ai repris le chemin de l’entraînement en sachant que cette période froide ne serait pas placée sous le signe du cross-country. Cette année, je tenais à marquer une longue pause en termes de compétition afin de retrouver encore plus de motivation et de laisser mon organisme se régénérer après une année 2014 bien remplie à tous points de vue.

Mais le corps a ses caprices que toute la bonne volonté du monde ne peut contrecarrer. Alors que je regardais déjà vers une première course en février dans le Jura, des résultats d’analyses de sang tombèrent comme un couperet. Comme l’hiver dernier, me voilà atteinte d’une hypothyroïdie doublée d’une anémie. A croire que la neige, le ciel gris et le froid ne me réussissent guère ! Quand la fatigue vous accable alors que vous restez assis toute la journée, quand l’épuisement vous écrase dès le matin de sa main impitoyable et quand vous avez le sentiment d’avoir déjà un marathon dans les jambes alors que vous trottez depuis cinq minutes, le moral suit les courbes des taux d’hémoglobine et de ferritine : il plonge dans les abysses !

Dans ces périodes de fragilité physique et mentale, la priorité n’est plus à l’entraînement. Il faut apprendre à s’écouter, à prendre soin de soi, à vivre chaque jour tel qu’il vient. Quand la thyroïde souffre, chaque matin est différent : on se sent en pleine forme le lundi, on se dit que tout va vite rentrer dans l’ordre, on retrouve de l’énergie, on s’endort plus serein… et, sans raison apparente, on se réveille le mardi avec le poids du monde sur les épaules, les yeux qui tirent, les jambes qui font mal et le moral qui retombe au fin fond des chaussettes.

A force de patience et de remèdes naturels, me voilà au seuil de la reprise. Dimanche, je piquerai quatre épingles à nourrice dans un dossard à Mirmande, l’un des plus beaux villages de France. Au programme : 26 km et 1270 m D+ avec un profil en dents de scie, plutôt casse-pattes. Je prendrai le départ de la course sans la moindre ambition, si ce n’est celle de retrouver quelques sensations et de faire le point sur mon état de forme. Je regarderai sans doute quatre ans derrière moi : en 2011, à Mirmande, je m’élançais pour la première fois de ma vie sur un trail. Ce jour-là, j’étais persuadée d’être incapable de courir aussi longtemps, qui plus est avec des côtes à gravir ! Je terminais finalement 2e de la course, aussi étonnée que ravie du plaisir éprouvé sur les sentiers. Dimanche, cette reprise aura donc une saveur particulière : celle du retour aux sources.

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