Pour les néophytes, précisons que le tartan désigne la surface qui recouvre une piste d’athlétisme moderne (pour rappel aux plus jeunes qui n’ont pas connu cette vieille époque, les pistes étaient autrefois composée de cendré, autrement dit d’une espèce de gravier sablonneux pas franchement favorable aux performances). Mais pourquoi donc fouler le tartan quand on prépare une course sur route ? Parce que c’est quand même bien pratique de savoir à quelle allure on court un kilomètre mesuré au centimètre près. Sur un chemin en pleine campagne, c’est tout de suite plus compliqué… « Les GPS permettent de faire des séances en nature tout en ayant une idée de la distance parcourue », rappelle Julien Rancon. « L’avantage est lié à la nature du sol qui est beaucoup plus souple, donc moins traumatisante. »
L’astuce de Dominique Chauvelier est toute simple : pour courir en forêt sans renoncer à ses temps de passage, rien de tel qu’un bon étalonnage d’un parcours sur quelques kilomètres. Evidemment, pas question de s’amuser à faire des marques au sol sur 20 bornes ! « Je conseille, d’après ma propre expérience, de trouver un chemin plat ou une route tranquille et de faire une marque à chaque kilomètre. Pour être plus précis, on peut même étalonner l’un des kilomètres tous les 100 mètres. » Un peu laborieux à réaliser, certes, mais quel confort de pouvoir ensuite courir en aller-retour sur un parcours tellement plus varié qu’une piste de 400 mètres !
Pour les amoureux du tartan et du chrono, la piste reste donc une alliée de choix : elle permet de mesurer la progression et de connaître très précisément les allures à adopter. La nature, à condition d’être domptée par un GPS ou un étalonnage, introduit de la diversité et permet aussi de travailler la proprioception (capacité d’adaptation réflexe aux variations du terrain). De même qu’on ne prépare pas un trail en ne s’entraînant que sur une route plate comme la main, on ne s’apprête pas à courir un 10 km ou un marathon en cavalant sur un sentier escarpé chaque matin. « Je dirais qu’il faut s’entraîner aux 2/3 sur la route qui est une surface dure à laquelle la musculature doit s’habituer« , affirme Serge Cottereau. « Oui, il faut évidemment travailler a minima sur la surface de compétition », abonde Jean-Marc Delorme. Pour résumer, un coureur sur route doit avaler une grosse dose de bitume mais, histoire de varier les plaisirs, il peut se défouler sur une piste d’athlétisme et s’accorder une sortie en pleine nature de temps en temps. « Même les coureurs de niveau olympique laissent actuellement une large place à la pratique en nature en plus des traditionnelles séances sur piste », rappelle Jean-Louis Bal. Pas sûr que vous vous sentiez aussi léger qu’un médaillé des JO lors de votre prochaine sortie dans la verdure mais, au moins, vous pourrez vous dire que vous vous entraînez comme un champion !
Conclusion générale
Pour conclure, soulignons l’essentiel : si l’entraînement repose sur de grands principes éprouvés par la pratique et par les recherches scientifiques, il est aussi une affaire de sensibilité personnelle. Un coach développe sa propre approche de la pratique sportive en composant une savante alchimie entre quantité et qualité, PPG, aérobie et anaérobie, course à pied et autres sports d’endurance, tartan, bitume et sentiers. Au-delà des différences qui distinguent les méthodes élaborées par les entraîneurs, un même mot d’ordre régit la démarche de ces professionnels de la course à pied : l’individualisation.
Au risque de vous décevoir, non, il n’existe pas de technique d’entraînement idéale. Il n’y a que des solutions personnalisées qui doivent être choisies, explorées et associées selon différents paramètres :
- le niveau sportif du coureur,
- les objectifs sportifs,
- les capacités physiques,
- le ressenti tant physique que psychologique.
Alors écoutez (et lisez, évidemment !) les conseils des experts et des runners expérimentés mais, surtout, écoutez-vous : la meilleure solution d’entraînement est celle qu’acceptent votre corps et votre tête !
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