Qu’ils se nomment « espace trail » ou « station de trail », ils restent fondés sur le même principe : sur le modèle des stations de ski, des parcours sont balisés et des services (coaching, vestiaires, etc.) sont proposés aux coureurs souhaitant découvrir de nouveaux terrains de jeu ou s’entraîner sur des circuits bien identifiés. Thomas Lorblanchet, ambassadeur du domaine trail du Mont Dore, m’a confié sa vision de ces espaces plutôt à la mode.
Comment définirais-tu une station de trail ou un espace trail ?
« Le label « Station de trail » est vendu aux territoires. Pourtant il n’est pas indispensable d’acheter ce label pour créer un espace de trail. En 2013, nous avons ainsi monté une station au Sancy. Nous sommes en pleine phase de développement, ce qui permettra ensuite de disposer d’une offre plus large.
L’idée fondatrice est de proposer un produit incitant les coureurs à séjourner une semaine dans la région pour suivre un stage à la carte. Il leur est possible de bénéficier d’un encadrement. Un espace de trail s’apparente à un domaine skiable, ce qui signifie que les gens peuvent circuler librement sur les parcours, mais aussi recourir à des services de type ESF adaptés au trail. Des accompagnateurs de moyenne montagne peuvent les encadrer sur le domaine et leur concocter un programme d’entraînement sur plusieurs jours. »
Quels sont les avantages d’un espace trail pour le coureur à pied ?
« Fréquenter un espace trail présente plusieurs avantages :
- Les parcours tracés sur un domaine permettent de canaliser les flux de coureurs. Cela évite ainsi que les trailers débarquent sur un site et partent dans toutes les directions. Une station offre un produit clés en main qui évite aux sportifs de jardiner pendant les trois premiers jours de leur séjour. Par conséquent, cela représente un gain de temps tout en permettant de profiter des plus beaux spots d’un territoire.
- En termes d’entraînement, un espace trail permet d’aller à l’essentiel : il existe des parcours pour faire du fractionné, d’autres pour travailler l’ascension longue, d’autres encore pour faire du foncier grâce à de longs itinéraires. On oriente le coureur là où il sera intéressant pour lui de s’entraîner.
- Il est possible d’accueillir des groupes entiers, ce qui se révèle pertinent non seulement pour des clubs, mais aussi pour des teams ou des amis.
- Pour les citadins, un espace trail permet d’apprendre à évoluer en montagne, notamment grâce à « l’école de trail ».
- Enfin, pour tous les pratiquants, c’est une belle opportunité de découvrir un territoire en évoluant de manière plutôt sécurisée dans un milieu par essence hostile. »
Quels conseils donnerais-tu au coureur souhaitant fréquenter une station de trail ?
« Je lui conseillerais de se rapprocher de l’école de trail afin de définir un programme au jour le jour. Chaque coureur vient dans un espace trail avec un objectif différent et un niveau différent. Il faut donc personnaliser chaque planning. »
Quelles qualités peut-on travailler sur les parcours d’un espace trail ?
« Grâce à la diversité des parcours, on peut travailler de très nombreuses qualités !
- Je dirais que la qualité principale du trailer est sa capacité d’adaptation. Personnellement, je fais du trail depuis 12 ans, mais je me rends compte que je ne sais rien. La technicité développée dans un milieu reste propre à ce milieu. L’avantage du Sancy tient à l’ultrapolyvalence que cet environnement exige car on a ici à la fois de l’ultratechnique et des sentiers plus roulants en forêt.
- On se fait souvent une montagne de la montagne alors qu’elle est en réalité abordable. A contrario, on se prend parfois pour Kilian Jornet alors qu’on ne connaît pas la montagne. Dans tous les cas, l’intérêt d’une station de trail pour chaque coureur est de pouvoir développer son pied montagnard.
- En ce qui concerne les dénivelées, nous proposons des parcours avec des ascensions et des descentes, l’objectif étant non pas de faire un parcours de randonnée en courant, mais d’évoluer sur un itinéraire vraiment intéressant pour le trailer. L’idée est de créer des itinéraires assez proches des parcours de compétition.
- Enfin, lorsque l’on s’engage sur un parcours, on doit aller jusqu’au bout. Cela permet d’apprendre à gérer l’altitude, l’autonomie, la météo toujours incertaine en montagne… bref, la rusticité propre au milieu.
Actuellement toutes les stations se sont développées dans des massifs montagneux. Mais on pourrait tout-à-fait en créer en Bretagne : on y développerait des qualités différentes, mais pas moins intéressantes en matière technique. Par exemple, on pourrait apprendre à courir vite sur des terrains techniques, sans forcément avaler beaucoup de dénivelée. »
La multiplication de ces stations n’est-elle pas simplement un effet de mode ? N’y a-t-il pas des intérêts économiques sous-jacents ?
« Il est évident qu’il y a un aspect commercial derrière toutes ces stations de trail. Ce sont des produits que l’on vend. Les acteurs des stations de ski se rendent compte que le trail est une manne financière intéressante. Mais il faut rester conscient des réalités économiques : une saison estivale en station représente moins d’une semaine hivernale en termes de rendement ! Le trail doit donc rester humble. Une station est cependant plus vivante quand il y a une station de trail. L’espace reste habité et dynamique toute l’année. Celaa peut inciter aussi les trailers à revenir l’hiver, notamment pour faire du ski de randonnée. A l’avenir, nous proposerons d’ailleurs des parcours permanents de ski de rando au Sancy. Bref, dans notre montagne, on peut prendre du plaisir toute l’année ! »
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