Il y a des rendez-vous incontournables. De ceux qui rassemblent les coureurs de tout niveau, du trailer néophyte au champion de rang international. De ceux aussi qui, belles machines à courses, multiplient les distances et ajoutent sans cesse des zéros au compteur de participation (et du tiroir caisse…). Le Festival des Templiers appartient à cette famille d’événements. Originellement implanté dans le pittoresque village de Nant (où se déroule désormais le Festival des Hospitaliers, une semaine après son aîné), les Templiers ont déménagé à Millau pour disposer d’un espace plus vaste et, ainsi, pour asseoir leur développement. L’opération a réussi puisque le Festival s’étire désormais sur 3 jours et accumule les trails en tous genres, de la courte Templière 100 % féminine jusqu’à l’ultra de plus de 100 km. L’offre répond indéniablement à une demande puisque les épreuves font le plein chaque année.
Bien que les trails plus confidentiels et plus authentiques emportent davantage mon adhésion et attisent davantage ma passion, je m’alignais samedi dernier au départ du Marathon des Causses (38 km pour 1600 m D+). Pourquoi ? Sans doute pour les mêmes raisons que bon nombre de coureurs également présents : pour me frotter à une concurrence intéressante et pour vivre un événement de grande ampleur. Pour tenter aussi de réaliser une performance « reconnue », autrement dit « parlante » pour les sponsors.
Mission accomplie au terme de 4h08 d’effort : je décrochais une 5e place inespérée au regard des 12 premiers kilomètres qui furent un long chemin de croix. Si mes jambes ont miraculeusement ressuscité sur les chemins roulants du causse noir, ma tête fourmillait quant à elle d’interrogations. Mais pourquoi donc cet événement fait-il l’objet d’un tel engouement ? Pourquoi les coureurs disent-ils que les parcours sont beaux ? Alors que les kilomètres me semblaient interminables dans les forêts de pins (croyez-moi, rien ne ressemble plus à un pin qu’un autre pin), je regrettais les paysages grandioses du Matterhorn Ultraks et de l’UTAT. Je languissais même mes itinéraires familiers d’entraînement, qui me paraissent parfois si monotones, avec leurs points de vue sur le Vercors, la Chartreuse ou la vallée du Grésivaudan. Heureusement, l’ultime descente, technique et casse-pattes à souhait, était ludique, bien plus montagnarde que ces larges chemins forestiers sans fin.
Au-delà des parcours d’un intérêt moyen, c’est évidemment pour l’atmosphère unique du site de course que les Templiers méritent d’être vécus au moins une fois dans la carrière d’un trailer. Débouler d’un sentier et découvrir le public massé sur le bord du chemin… accélérer sous les applaudissements et les derniers encouragements… entendre la voix du speaker toute proche, trouver d’ultimes ressources physiques pour relancer et, enfin, apercevoir la légendaire arche d’arrivée… La seule évocation de cette ambiance me procure encore des frissons d’émotion. Et je réalise que ces grosses machines événementielles ont au moins cet avantage : elles offrent à tous le sentiment d’avoir participé à une épreuve hors normes, à la fois populaire et élitiste, médiatique et mythique.
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