Ils sont quatre à être montés sur la plus haute marche du podium de Serre Chevalier dimanche. Quatre trailers pour deux victoires : Thibaut Baronian et Fabien Nabias sur les 48 km, Maud Gobert et Virgnie Govignon sur les 27 km. Certains salueront l’esprit sportif et la convivialité de ces arrivées main dans la main, tandis que d’autres regretteront que la bataille sportive n’ait pas été menée jusqu’aux derniers mètres.
Indéniablement, les images sont belles : deux coureurs côte à côte, un sourire sur le visage, une accolade fraternelle pour les unir. On aime le sport lorsqu’il rapproche les êtres et lorsqu’il illustre des valeurs profondément humanistes telles que la solidarité et le partage. On salue la générosité des champions qui renoncent à la gloire solitaire et privilégient la fraternité. La satisfaction de la victoire n’est d’aucune manière amoindrie, elle est au contraire démultipliée par le simple fait d’être partagée. Je suis la première à apprécier ces podiums où les marches sont trop petites et où le bonheur est décuplé.
Il y a forcément un « mais » dans toute histoire qui fait rêver. Les places ex-aequo volontaires ne sont pas rares… hormis sur les courses à enjeu. Si le Serre Che Trail Salomon avait été le support d’un championnat national, aurait-on pu savourer ces arrivées bras dessus bras dessous ? Certainement pas. Parce que la compétition, dès qu’elle promet un titre, laisse naturellement s’exprimer l’adage : « que le meilleur gagne ». Si certains contextes permettent d’oublier un instant la soif de vaincre (et ce quel que soit le rang que l’on occupe dans le peloton), d’autres ne laissent pas la moindre chance au partage de la couronne. On pourrait déplorer cette inconstance (sur cette course on s’attend, sur une autre on s’arrache les tripes pour finir devant son concurrent), surtout dans l’univers du trail running fondé sur les valeurs montagnardes d’entraide et de solidarité. Mais l’esprit de compétition reste ancré en chacun de ceux qui épinglent un dossard sur leur poitrine. Sinon pourquoi s’aligneraient-ils au départ d’une course ? Alors oui, on peut saluer les victoires ex-aequo comme on peut regretter qu’elles ne surviennent pas dès que se dessine un enjeu.
Parce que j’aime voir plusieurs sourires sur la même image,
Parce que je rêve de vivre un jour la joie d’une arrivée commune,
Parce que j’aime tout ce qui promeut l’idée de partage et de fraternité,
J’adresse un sincère bravo à ces duos de vainqueurs qui ont illuminé ce dimanche de septembre.
Et je salue aussi les membres de l’équipe de France de course en montagne qui, solidaires eux aussi, ont souffert dans la chaleur italienne pour défendre le maillot tricolore parmi l’élite planétaire.
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