Oui, j’avoue, j’ai un accès de faiblesse.
Ou alors un accès de lucidité et de sagesse.
Toujours est-il que j’annonçais en début de semaine : « samedi, j’ai trail ». Hé bien finalement, demain, « j’ai piscine » !  😉

Il n’est guère dans mes habitudes de me défiler face à un défi. Mais il y a des signes qu’il faut parfois écouter, histoire de ne pas se dégoûter. Histoire aussi de ne pas faire la course de trop. Et là, quelque chose me dit que ces 24 km du Festitrail d’Autrans seraient davantage synonymes d’écœurement que de plaisir.

La première condition pour participer à un trail hivernal, c’est d’aimer courir dans la neige. Vous aimez patiner sur la glace ou vous enfoncer dans la poudreuse ou la neige pourrie, vous ? Moi, non. Or il y a pas mal de neige à Autrans… La deuxième condition pour mettre un dossard, c’est d’avoir envie d’aller se mettre minable sur les sentiers. Habituellement, j’aime bien (c’est le côté un peu maso de tous ceux qui ont l’âme compétitive). Mais là, non, l’envie n’est pas au rendez-vous. La troisième condition pour s’aligner au départ d’une course qui doit durer entre 2 et 3 heures, c’est d’être suffisamment en forme pour que la balade ne se transforme pas en parcours du combattant. Mais là non plus, les voyants ne sont pas au vert. Passons les détails, mais disons simplement que l’état de la machine ne permet pas d’envisager une course sereine demain. Alors voilà, demain, j’ai piscine. Et si vous me croisez sur un chemin de montagne en train de crapahuter toute seule, ce sera forcément une erreur. J’ai piscine, j’vous dis !

Pour en revenir à des considérations plus sérieuses, déclarer ainsi forfait pour une course qui me faisait pourtant envie me pousse à évoquer la fin de saison et l’usure mentale. Comme me le disait récemment Nicolas Martin, pensionnaire de l’équipe de France de trail et récent 2e aux Templiers, un gros objectif compétitif nécessite « un tel investissement mental et un tel investissement en termes d’entraînement qu’on ne peut pas en avoir cinquante chaque année ». Derrière cette affirmation, particulièrement vraie pour le haut niveau mais valable pour chaque compétiteur, du premier au dernier, se cache la question de la fatigue psychologique et physique. Un programme bien conçu doit logiquement permettre de ne jamais atteindre le stade de l’épuisement du corps, mais comment contrôler l’épuisement mental ? Ce dernier dépend non seulement de l’activité sportive, mais aussi d’une foule d’autres paramètres : vie personnelle, travail, stress… Or la performance résulte de la conjonction d’un optimum physique et mental. Pas de résultat si l’une des composantes de l’équation n’est pas là !

En fin de saison, après de longs mois d’entraînement régulier et de compétitions, il n’est pas rare de voir s’installer une certaine lassitude et une certaine fatigue. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui justifient le respect d’une, voire deux, coupure(s) dans l’année. Ces périodes de relâche (et non de repos total) permettent de retrouver « un mental frais et déterminé », de « récupérer et se ressourcer en passant temporairement à autre chose afin de ne pas dégrader sa capacité d’engagement liée au plaisir et au désir de pratiquer », pour reprendre les termes de Dominique Simoncini. Ainsi, la fin de saison me paraît être une période critique où l’on a vite fait de basculer vers l’écœurement en s’imposant une dernière course ou un dernier cycle d’entraînement alors que l’envie a pris la poudre d’escampette et que la fatigue physique s’installe insidieusement. C’est à ce moment-là qu’il ne faut peut-être pas faire cette fameuse « course de trop ».

Et vous, comment vivez-vous la fin de saison ?